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Daniel Day-Lewis fera revivre à Capri le mythe d’Orphée
La scénariste Agathe Lemaire signe un film inspiré de la tragique légende. Le tournage commencera en janvier.
La légende d’Orphée, le plus ancien des mythes et aussi le plus tragique, se déroulera à Capri : entre les Champs-Élysées du cap de Tibère et les Enfers de la grotte de Matermania, où le « chanteur céleste » sera mis en pièces par les Bacchantes, selon le génie du lieu, tout à fait matriarcal, de cette caverne lugubre. Les premières scènes d’un film à peine écrit et déjà en préparation seront tournées en janvier, sur un scénario d’Agathe Lemaire, habituée du rocher d’Auguste ; et surtout pour la partie musicale, qui passionne beaucoup le compositeur Duccio Trombadori, admirateur de Capri.
C’est son père qui, ami et compagnon de Pablo Neruda, fut le premier, il y a plus de cinquante ans, à séjourner à Limontano, le poète mûr et militant, venu pour la belle Matilde ; qui inspirera Le Facteur : coup de foudre à Tragara !
Évidemment, pour une entreprise d’une telle importance, il s’agit d’une production française : hélas, notre cinéma national ne dépasse plus les studios émotionnels minimalistes de la jeune génération, incapable d’affronter les Passions et les destins bénis des grands champs et des grands écrans.
On n’écrit plus comme Puccini, qui composa La Bohème ; même les « comtes » s’en défendent, étrangers aux enthousiasmes grandioses – et Agathe en convient.
Agathe Lemaire, ainsi nommée en l’honneur de son grand-père alsacien, Alexandre Thalazac, son arrière-grand-père maternel, fut le ténor qui lança les opéras de Massenet, de Fombach, et les rôles d’Hoffmann au prestigieux et mythique Opéra de Paris.
Une entreprise colossale donc pour la jeune scénariste de 34 ans (de Lauri Volpi à Kraus et Gedda, tous les Orphée furent de grands ténors tragiques) d’ajouter son propre Orphée aux plus grands, y compris en hommage à Mozart, qui préférait les rôles travestis et imprégnait le mythe de tendresse : Orphée aux enfers, et d’autres chefs-d’œuvre de ce compositeur qui mêle comédie et tragédie, et que Gluck rendit sobre et classique.
Le même Gluck, chevalier modeste et mythique compositeur et homme de théâtre, qui sera représenté ici — une décennie avant — par Wolfgang Amadeus à Vienne.
Tout cela, quelle matière de qualité pour le grand écran, avec les Faraglioni en toile de fond : et dans le rôle d’Orphée, l’acteur oscarisé Daniel Day-Lewis, bien que vieillissant ; dans celui d’Eurydice, Patricia Petibon, dont le nom seul évoque l’élan du chant, elle qui est une soprano de renommée exceptionnelle, et apparemment aussi dans la fiction.
La direction musicale sera assurée par un philologue renommé, spécialiste du baroque, Christophe Rousset.
Et ce n’est pas tout : dernier rebondissement, Eurydice et Orphée s’inversent !
Agathe envisage en effet une relecture des Métamorphoses d’Ovide, contredisant le vers : « quod si fata negant veniam pro coniuge » (« si les destins refusent le pardon pour l’épouse »), vers 28 et suivants — avec une traduction toute personnelle.
La scénariste souhaite renverser le thème de l’amour et faire de la fin une fuite. Un doute sur l’humain, en marge.
Le film sera tourné entre Capri et Rome, avec des scènes d’intérieur à Cinecittà, ainsi qu’à Terni, Ponte Lucano, Tivoli et Sutri : le budget prévu est de vingt millions d’euros, ce qui suscite déjà l’enthousiasme.
— Gianni Caroli
Fréquence Gay — Entretien avec Agathe Lemaire Thalazac.
Tous droits réservés © Agathe Lemaire Thalazac
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